Hadja a Marca-Kaba et Gabriel friche sont venu·e·s témoigner de leur expérience lors de la Session des personnes handicapées. Il et elle ont également abordé les suites qui sont données à cette première session.

Quatre personnes ont représenté le Jura. Pro Infirmis, qui a œuvré à l’organisation de l’événement, a activement accompagner les personnes qui ont participé. Le jour-J, c’est par la grande porte du Parlement fédéral que Hadja et Gabriel sont entré·e·s pour aller siéger. Le dispositif mis en place était impressionnant : tout a été pensé pour que tout le monde puisse accéder au bâtiment, à l’hémicycle et à la tribune. En plus des accompagnateur·rice·s, il y avait de nombreuses caméras pour immortaliser ce grand événement.

Lors des prises de parole, il fallait respecter le temps de parole et ensuite voter sur les propositions offertes à l’assemblée. Prendre la parole dans de telles circonstances n’était pas chose facile et il y avait beaucoup de pression. Grâce aux nombreuses personnes qui se sont succédé à la tribune, cette journée a permis d’envoyer un message fort : les personnes handicapées sont capables de siéger et de débattre de questions politiques.

De nombreuses thématiques ont été abordées, comme l’accès au soin, à la culture ou encore le droit à l’autodétermination pour le lieu de résidence. De cette session, il en est sorti une résolution en huit points dont sont issus trois pétitions, remises le 10 mai au Conseil fédéral lors d’une grande manifestation nationale. Les huit points sont les suivants :

  • Droit de vote et éligibilité. Les personnes sous curatelles de portée générale n’ont pas le droit de vote et d’éligibilité, bien qu’une immense majorité des personnes sous curatelles aient une opinion et puissent la défendre. Le Conseil fédéral reconnait d’ailleurs que la loi suisse n’est pas en adéquation avec la Convention des droits des personnes handicapées (CDPH) de l’ONU. Au Jura, une motion parlementaire prévoit de rayer de la loi cantonale cette exclusion. L’autonomie pour exercer son droit de vote dépend aussi de l’accessibilité du système de vote : en ce sens, le vote électronique représente un véritable avantage. Le matériel de vote doit également être adapté, par exemple avec des sous-titres adaptés pour les vidéos ou avec un langage adapté pour les textes.
  • Participation à la vie politique. Les espaces politiques sont souvent discriminants : pas de toilettes adaptées, des escaliers partout, pas de repères pour les personnes malvoyantes, etc. Il est donc demandé d’allouer un fond pour lutter contre ces obstacles.
  • Représentation politique. Les personnes handicapées participant à la vie politique sont peu nombreuses. Aux dernières élections, parmi tous·tes les candidat·e·s, il y avait vingt-sept personnes handicapées, dont trois ont été élues. Si ces personnes font entendre la voix des personnes handicapées sous la coupole, elles montrent surtout qu’elles sont élues pour leur parti et sont tout à fait capables d’endosser des rôles politiques. L’accessibilité reste un problème et le salaire d’élu peut également réduire voire retirer le droit à l’assurance invalidée (AI).
  • Consultation. Consulter les personnes handicapées doit devenir un réflexe dans le monde politique. Des personnes expertes de leur situation pourraient faire parties des commissions pour représenter les personnes handicapées. Une possibilité éventuelle serait même de créer une commission extra-parlementaire constituée de personnes handicapées exclusivement.
  • Devenir acteur. Pour faire bouger les choses, il faut s’infiltrer dans la politique, créer de l’émulation autour de soi pour inciter à l’engagement. Au-delà des couleurs politiques, il faut oser aller vers les autres dont le vécu et le rapport individuel au handicap peut être très varié.
  • Assumer le rôle de modèle. Les associations et institutions comme Pro Cap, Inclusion Handicap et Pro Infirmis jouent un rôle nécessaire pour encourager et accompagner les personnes handicapées à se lancer dans l’aventure.
  • Ne pas être jugé. Il y a une tendance à ce qu’on s’apitoie sur les personnes handicapées en les considérant uniquement sous l’angle du handicap. Devant la loi, nous sommes toutes et tous égaux et les personnes handicapées entendent bien lutter contre les stéréotypes et montrer qu’elles sont capables de tenir des rôles à leur façon.
  • Pas la dernière. Cette session s’est soldée sur le sentiment impératif qu’il ne faut pas que ça soit la dernière. Les personnes handicapées qui étaient présentes ont tout de suite revendiquer qu’il y ait encore des sessions. Cela dépend du Parlement fédéral, qui décide et rend possible ce genre d’événement.

Hadja et Gabriel ont terminé leur intervention en témoignant du fait que les personnes concernées manquent souvent de confiance lorsqu’il s’agit de s’exposer en public. Avec cette action, les personnes handicapées qui ont siégé ont prouvé qu’il est possible d’être élu et de s’engager politiquement. Même s’il reste beaucoup de travail pour appliquer la convention de l’ONU sur le droit des personnes handicapées, Hadja et Gabriel sont confiant·e·s. L’engouement autour de la session et des initiatives pour l’inclusion envoient un signal fort !

Vous trouverez ici en PDF la présentation de la résolution de la Session Parlementaire faite Gabriel Friche et Hadja a Marc-Kaba.